20+ manières d’être une illustratrice engagée

20+ manières d’être une illustratrice engagée
12 juillet 2021 Marie Bambelle
In Artrepreneuriat
20+ façons d’être une illustratrice engagée au quotidien à travers votre art.

Maintenant, on est toutes d’accord : quand on est une illustratrice engagée, on a le pouvoir de faire bouger les choses grâce à notre art. On a le pouvoir de s’engager pour une ou des causes qui nous tiennent à cœur, de faire changer le monde petit à petit.

Mais concrètement, comment faire ? Je vous donne des pistes en vous balançant 20+ façons d’être une illustratrice engagée au quotidien à travers votre art.

20+ façons d’être une illustratrice engagée au quotidien à travers votre art.

Être une illustratrice engagée, c’est créer des personnages différents

Une bonne histoire, c’est avant tout de bons personnages. Voici donc quelques idées pour créer des héros et héroïnes qui changent. L’important est d’abord de sortir du personnage masculin/blanc/cisgenre et jeune qu’on voit partout. Il est éculé, il a trop servi ! En plus, notre société est tellement plus riche que ça et il reste tellement d’histoires neuves à raconter ! Alors faites comme Shonda Rhimes et « normalisez » vos illustrations.

1. Sortez des sentiers battus et dessinez des personnages principaux et secondaires racisés. Par exemple, n’hésitez pas à créer des personnages noirs, asiatiques, arabes… Bref, des personnages non-blancs. Car en effet, l’immense majorité des héros de bande-dessinée sont des hommes blancs.

2. Représentez tous les types de corps. En effet, les personnages gros sont sous représentés dans les illustrations, la bande-dessinée (et de manière générale dans l’espace publique). Et je ne vous parle même pas des personnes handicapées. Alors vive la diversité et les corps gros, minces, transgenres, valides, androgynes, handicapés, non-binaires, transgenres …

3. Créez des personnages féminins fort. Car (attention : SPOILER ALERT !) NON toutes les femmes ne sont pas des demoiselles en détresse. Nous n’avons pas toutes besoin d’être secourues et protégées en permanence. Et vos personnages NON PLUS. Alors n’hésitez pas à montrer des femmes à des postes de responsabilités ou dans des situations de pouvoir.

4. A l’inverse, montrez des personnages masculins qui sortent du moule. Y’en a marre du macho qui sauve le monde, du « good guy », du scientifique, du politique, du guerrier… Dessinez des mecs qui aiment se maquiller ou porter du vernis à ongles ! Montrez des hommes sensuels, sensibles et qui l’assument. Montrez des mecs qui pleurent, qui sont émus, qui partagent leurs émotions…

5. Enfin, faites sortir les personnes âgées de l’invisibilité. Être une illustratrice engagée, c’est aussi représenter des personnes de tous les âges pratiquant des tas d’activités. Car la vie ne s’arrête pas à 50 ans !

[ A lire aussi : Votre super-pouvoir secret d’illustratrice : changer le monde un dessin à la fois grâce à l’art engagé]

Stop aux stéréotypes

6. Éduquez-vous. En effet, la base quand on veut déconstruire les clichés et les stéréotypes qu’un a intégré depuis l’enfance, et ne pas les diffuser involontairement à travers ses œuvres, c’est de s’éduquer. Suivez des comptes militants dans les domaines qui vous intéressent. Il en existe de très nombreux qui traitent de sexisme, de racisme, d’écologie…

7. Toutes les caractéristiques de vos personnages ne sont pas des sujets.

7.1. Par exemple, vous pouvez très bien montrer un personnage gros et ne pas évoquer son poids de toute l’histoire. Ce n’est pas parce qu’il ou elle est gros·se qu’il ou elle ne vit que des choses liées à ça.

7.2. De même, ce n’est pas parce qu’un personnage est non-hétérosexuel qu’iel ne doit parler que de ça. Il s’agit de personnes comme les autres qui vivent une vie indépendamment de leur sexualité. Ne les réduisez pas à ça.

7.3. Enfin, dernier exemple, ce n’est pas parce qu’un personnage est racisé qu’il habite forcément dans un pays lointain. Normalement, toute bonne histoire doit pouvoir être racontée, quelle que soit la couleur de peau du ou de la protagoniste principal·e.

Pour être une illustratrice engagée jusqu’au bout, analysez vos créations

Dur dur de déconstruire le sexisme et le racisme intégré qui nous ont été inculqués depuis l’enfance. Parfois, même avec les meilleures intentions du monde, on fait des erreurs. Heureusement, il existe des outils pour analyser ses illustrations.

8. Faites passer le test de Bechdel à vos histoires. Il s’agit d’un test très simple à réaliser pour savoir si un-e œuvre est sexiste ou pas. Il suffit de répondre à trois questions.

  • Dans votre histoire, est-ce qu’il y a au moins deux personnages féminins qui ont un nom ?
  • Est-ce qu’il y a au moins deux personnages féminins qui parlent entre elles ?
  • Est-ce qu’elles parlent d’autres choses que d’un homme ?

Attention : ce n’est pas parce que votre histoire / bande-dessinée ne passe pas le test qu’elle est sexiste. Par exemple, il est très possible d’écrire une histoire qui ne comporte en tout et pour tout qu’un seul personnage. Mais ça reste un bon indicateur et un « red flag » à prendre en compte.

9. Tant que vous y êtes, faites-leur aussi passer le clit-test. Le « clit-test » est une plateforme qui mets en avant les œuvres qui montrent une représentation réaliste du plaisir féminin. Et donc, qui montrent le clitoris comme source de plaisir. Parce qu’on a tous en tête les scènes de sexe dans les films où la fille jouit en deux minutes, grâce à la pénétration et EN PLUS en même temps que son partenaire.

Or, seulement 8% des femmes cisgenres atteignent l’orgasme uniquement grâce à la pénétration vaginale (oui, je parle pénétration sur mon blog d’illustration. Je suis chez moi je fais ce que je veux). Alors si vous avez écrit/dessiné une scène de sexe, penchez-vous sur la question !

10. Si vous avez un doute : FAITES VOUS RELIRE. Parfois, malgré toute la bonne volonté du monde, on n’a pas encore les outils pour savoir si on a fait une bourde ou non. Alors si vous avez réalisé une BD / une illustration sur un sujet qui vous parait « touchy», n’ayez pas honte de demander de l’aide. Par exemple, vous pouvez contacter l’un des comptes militants sur le sujet et posez la question gentiment. Car être une illustratrice engagée, c’est avancer à son rythme sur le chemin de la déconstruction de ses propres biais (racistes, sexistes, etc.). On n’est pas infaillibles.

Créez une société nouvelle et idéale

Parce qu’en tant qu’illustratrice engagée, vous avez un pouvoir de démiurge : vous pouvez créer des histoires qui se déroulent dans un monde idéal.

11. Stop aux violences sexistes et sexuelles, même en image. Le « non » d’un personnage ne doit pas devenir un « oui » par la suite. L’éducation au consentement, c’est même dans les illustrations et les bandes-dessinées.

12. Donnez une voix à ceux qui n’en ont pas. Vous avez accès à un espace de parole, l’éducation et la légitimité pour vous emparer d’un sujet ? Ce n’est pas le cas de tout le monde alors foncez. Dans vos illustrations militantes, mettez en lumière les combats liés au sujet.

13. A l’inverse, faites taire ceux qui parlent trop. Faites le choix de ne pas relayer les paroles qui vous semblent appartenir aux discours oppressifs dominants.

14. Mettez un gros STOP au « male gaze ». Essayez de ne pas sexualiser systématiquement vos héroïnes. Commencez à les traiter sur un pied d’égalité avec les personnages masculins. Attention, il ne s’agit pas de ne plus jamais dessiner d’illustration érotique, mais de le faire uniquement lorsque ça sert le propos. Et pas uniquement sur les femmes.

Remettez-vous en question

Parce qu’il arrive à tout le monde de se tromper et qu’il n’est jamais bon de s’endormir sur ses lauriers. Continuez à apprendre et à questionner les schémas établis.

15. Faites attention également à ne pas parler à la place des concernés par une lutte. Faites-vous le relai de leurs voix, mais ne leur volez pas la parole.

16. Acceptez de vous tromper. Si vous avez fait une erreur, si les concernés vous font un reproche, écoutez et entendez ce qu’on vous explique. Excusez-vous, faites amende honorable et ne recommencez pas. Évitez de vous vexer. Les erreurs arrivent à tout le monde.

17. Reconnaissez vos privilèges de classe/de sexe/de race. Et surtout, ne vous outrez pas quand on vous les fait remarquer. Personne ne dit que votre parcours n’a pas été difficile. Il a juste été bien plus facile que pour d’autres.

Donnez

18. Donner de l’argent. Si une cause vous tient vraiment à cœur, pourquoi ne pas réaliser une illustration sur ce thème ? Ensuite, organisez une vente spéciale dont vous reverserez les bénéfices à une association.

19. Donnez des illustrations.

ATTENTION DISCLAIMER : une entreprise qui vous demande de travailler gratuitement sous couvert de féminisme, c’est comme si elle vous demandait de boire du sang pour devenir vegan. C’est NON. Les femmes artistes, notamment dans le milieu de l’illustration, sont déjà assez précaires comme ça. A bas le féminisme-washing !

Oui je suis énervée, laissez-moi.

Cependant, si c’est VOUS qui le décidez, pour certaines occasions, vous pouvez offrir un visuel à télécharger gratuitement. Par exemple : j’ai en tête l’exemple de plusieurs illustratrices engagées qui avaient réalisé des illustrations pour les grandes manifestations féministes du 23 novembre 2019.  Pour n’en citer que deux : Gomargu et La ville et les Nuages.

20. Donnez de la visibilité. Ainsi, si vous suivez des comptes militants sur les réseaux sociaux, partagez leurs publications. Ouvrez les discussions avec vos proches, vos propres followers. Parce que la base, c’est quand même le partage !

Et voilà qui clôt ce long (très long) article.

Et vous, de quelle manière vous vous engagez en tant qu’artiste ? Est-ce que vous pratiquez quelques-uns des conseils donnés ci-dessus ? Vous en avez à rajouter ? N’hésitez pas à les laissez en commentaire.

Et si vous voulez vous en rappeler, épinglez le visuel de l’article sur Pinterest !

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